Montréal, 21 août 2019 – « C’est quoi, un spectacle ? » Cette question en apparence simple, en cache plusieurs autres. Et les réponses varient selon que l’on s’adresse à une personne ou à une intelligence artificielle. Dans le second cas, les mots ne suffisent pas. Il faut des métadonnées descriptives accessibles et lisibles par des machines. C’est ce qu’a fait depuis belle lurette le secteur du film et ce à quoi s’attaque désormais celui du spectacle.
À l’ère des algorithmes et des recommandations personnalisées, tout ce qui n’est pas accessible sous forme de données est peu susceptible de faire l’objet de recommandations. Sans données, le spectacle est en quelque sorte condamné à une disparition par obsolescence non-programmée.
Pour éviter ce destin, des intervenants du secteur du spectacle ont entrepris d’importants chantiers visant à codifier l’ensemble des activités relatives aux arts de la scène sous forme de données ouvertes et liées. L’Association canadienne des organismes artistiques (CAPACOA) et la Haute école spécialisée bernoise ont posé un jalon important en publiant aujourd’hui un vaste rapport intitulé Lier l’avenir numérique des arts de la scène : Comment mobiliser les synergies de la chaîne de valeur.
Ce rapport fait état des travaux réalisés au Canada et à l’étranger pour établir un écosystème international de données ouvertes liées pour les arts de la scène. L’approche canadienne diffère toutefois des autres initiatives internationales car elle est ancrée non pas dans la recherche mais dans la pratique et dans l’action. Elle fait appel à la collaboration de tous les intervenants du spectacle : artistes, agents, compagnies de production, salles de spectacles, festivals, etc. Tous sont invités à adopter un même modèle de données et à devenir contributeurs et usagers de données dans un écosystème ouvert et partagé.
Le concept n’est pas nouveau. Les bibliothèques et les maisons d’édition se sont depuis longtemps dotées d’un ensemble de normes pour identifier des livres et pour échanger des informations sur leurs catalogues. Les producteurs de films disposent eux aussi de leurs identifiants numériques et de bases de données centralisées. C’est grâce à ces données que Google peut notamment produire des cartes de connaissances très détaillées sur les horaires de séances de cinéma. Le spectacle vivant, qui n’est ni un objet physique, ni un objet numérique, a tardé à se prêter à ce genre d’exercice. Il faut aujourd’hui mettre les bouchées doubles pour exprimer chaque aspect du spectacle sous forme de données.
Le rapport recommande donc en priorité d’alimenter une base de connaissances partagée (aussi appelée un « graphe de connaissances ») sur les arts de la scène. Pour y arriver, il faut y intégrer des données au sujet d’événements actuels et futurs par l’entremise de partenaires de données. Deux premiers partenaires participeront à cet effort de normalisation et de concentration de données. L’Association professionnelle des diffuseurs de spectacles, RIDEAU, mettra à profit sa toute nouvelle application Scène Pro pour partager des données sur les productions et les lieux de diffusion. Culture Creates déploiera quant à elle sa technologie Footlight pour moissonner les informations sur les événements dans les sites Web d’organismes artistiques et les traduire en métadonnées lisibles par machine. D’autres calendriers culturels et applications numériques pourraient se joindre au mouvement très bientôt.
« Dans un avenir rapproché, un touriste pourra consulter une application de cartographie comme Google Maps et avoir la possibilité de s’y faire recommander toute la programmation de spectacles à proximité et à un moment précis, » illustre Frédéric Julien, directeur de la recherche et du développement à CAPACOA.
Le rapport Lier l’avenir numérique des arts de la scène propose de nombreuses autres pistes pour accroître la découvrabilité du spectacle, notamment l’utilisation de la base de données participative Wikidata et le développement de nouveaux modèles opérationnels qui mobilisent les données ouvertes liées.
Ce rapport s’inscrit dans l’initiative Un avenir numérique lié, qui comprend aussi des services axés sur la découvrabilité, des offres de formation et un programme de navigation numérique pour accompagner les organismes artistiques dans leur transformation numérique. Pour plus d’informations, sur ces programmes, sur le rapport ou sur les données ouvertes liées, visitez le site Web avenirnumeriquelie.ca.
L’initiative Un avenir numérique lié bénéficie du soutien financier du gouvernement du Canada et du Conseil des arts du Canada.
Pour tout renseignement ou demande d’entrevue :
Frédéric Julien
Directeur de la recherche et du développement
Association canadienne des organismes artistiques (CAPACOA)
613-606-4754 (cellulaire)
frederic.julien@capacoa.ca
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