Nous voilà déjà à mi-parcours dans cette première année complète de l’initiative Un avenir numérique lié. Les travaux dans les différents volets de l’initiative ont beaucoup progressé. Et nous avons beaucoup appris en cours de route.

Nous avons préparé un rapport intérimaire, que nous désirons partager avec l’ensemble du secteur. Vous y trouverez des détails sur l’avancement de nos travaux.

Lire le rapport intérimaire Un avenir numérique lié

Nous y partageons aussi quelques réflexions à propos des défis relatifs à la transformation numérique dans les arts. En voici deux.

Données ouvertes liées et Schema.org

Il n’est pas aisé de convaincre le secteur des arts de la scène du bien-fondé des données ouvertes liées du point de vue de la découvrabilité. La plupart des intervenants du secteur sont peu au courant de la transformation des moteurs de recherche en moteurs de recommandation. Ils ne saisissent donc pas pleinement l’urgence de traduire leurs sites Web lisibles par des humains en données lisibles par machine.  Celles et ceux qui sont un peu plus familiers avec les enjeux de la découvrabilité ont entendu parler de données structurées et du vocabulaire Schema.org. Cependant ils ont tendance à confondre les données liées avec une stratégie d’optimisation ou de marketing numérique qui leur permettra de ressortir du lot (alors qu’ils auraient plutôt avantage à se regrouper en lot). Il leur est difficile d’envisager les avantages collectifs qu’offrent les données ouvertes liées, tant sur le plan de la découvrabilité que pour le partage et la réutilisation de données pour d’autres fins.

L’avènement de plugiciels Schema permettant à des organismes de publier eux-mêmes des données structurées sur leurs sites Web est sans contredit un développement louable. Cependant, il ne faudrait surtout pas que le rattrapage numérique du secteur du spectacle s’arrête avec Schema. Si ce devait être le cas, nous servirions alors principalement les intérêts des géants du numérique. Et nous passerions à côté d’une belle occasion d’exercer un contrôle une autorité sur nos données dans l’univers numérique.

Il ne faudrait surtout pas que le rattrapage numérique du secteur du spectacle s’arrête avec Schema. Si ce devait être le cas, nous servirions alors principalement les intérêts des géants du numérique.

L’approche silo et l’approche ouverte

S’il n’est pas aisé de convaincre du bien-fondé des données ouvertes liées pour la découvrabilité, c’est encore plus ardu en ce qui concerne l’interopérabilité (voir la définition dans le glossaire de l’Observatoire de la culture). Même lorsque des personnes s’entendent en principe sur le partage et la réutilisation de données, on se frappe souvent à obstacles techniques ou à une résistance aux approches ouvertes. Les systèmes d’informations comme des applications de gestion, des répertoires d’artistes ou des calendriers d’événements reposent généralement sur des modèles de données ad hoc qui sont entreposées dans des bases de données relationnelles. Ce contexte est peu propice au partage de données car il pose des défis d’interopérabilité à la fois sémantique et technique. Même lorsqu’une subvention rend possible le développement d’une nouvelle application, la plupart des gestionnaires de projets s’en tiennent au modèle avec lequel ils sont le plus familier – la base de données relationnelle fermée – plutôt que de considérer des approches plus ouvertes et flexibles comme les ontologies RDF et les bases données graphe. On me répond souvent qu’une base de données relationnelle peut être ouverte par le biais d’une API. Soit. Mais un silo demeure un silo, peu importe le nombre de portes qu’on y installe. Cette approche silo risque de prévaloir tant et aussi longtemps que les avantages des données ouvertes liées n’auront pas été démontrés de façon tangible et concrète. Cela nécessitera des activités de littératie numérique, bien sûr.  Surtout, il nous faudra produire des prototypes utilisant les données ouvertes liées afin de répondre à des besoins spécifiques qui touchent les organismes artistiques dans leur quotidien.

C’est le programme qui attend l’équipe de l’initiative Un avenir numérique lié.

Après le lancement du rapport Lier l’avenir numérique des arts à Montréal au mois d’août, mes collègues et moi reprendrons la route cet automne pour une série d’activités de littératie numérique à Toronto, Halifax, Ottawa, Vancouver et Banff. Nous passerons aussi de la parole aux actes en menant des activités de prototypage avec Culture Creates et RIDEAU.

2 replies
  1. Clément Laberge
    Clément Laberge says:

    Merci Frédéric pour ce texte qui pose bien plusieurs enjeux. J’aime particulièrement que tu n’opposes pas les défis qui nous attendent mais que tu les poses comme complémentaires. Il ne s’agit pas de faire des données structurées (schema par exemple) OU des données liées. Il ne faut pas faire un ou l’autre, il faut faire un ET l’autre… pour relever des défis différents — idéalement en unissant nos forces pour y arriver.

    C’est un gros chantier, qui prendra du temps à relever… mais pour lequel on commence à avoir une action collective efficace. C’est l’fun et encourageant.

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  1. […] Schema.org développé par Google, Bing, Yahoo et Yandex. Ainsi que je le mentionnais dans ce billet, en l’absence d’une norme propre au secteur des arts de la scène, le vocabulaire […]

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